Mettre une selle sur un cheval et monter dessus, ce n’est pas la vision que Gwenaëlle Cattin a de l’équitation. Pour la jeune Vaudoise, qui a créé sa propre école en 2004, il s’agit avant tout de développer une relation harmonieuse entre l’homme et l’animal, en assurant leur bien-être mutuel.
Les douze chevaux qui appartiennent à son écurie et ceux qui sont là en pension mènent donc une vraie vie de cheval: dehors la plupart du temps, en troupeau et sans fers. Presque comme le takhi, ou cheval sauvage de Przewalski, qui a donné son nom à l’école. Sauf qu’eux, en plus, sont quasi tous rescapés de la boucherie, victimes de traumatismes divers.
La confiance aveugle
Gwenaëlle et sa collaboratrice, Noémie Pinard, ont réussi à leur redonner confiance et goût à la vie. Au point que même Cisco, le camarguais, atteint de cécité, est capable de mener promenades et randonnées. «Il a perdu la vue tout jeune, suite à des uvéites répétées. Mais il a appris à nous laisser regarder à sa place et à se faire guider», raconte Gwenaëlle Cattin. Une belle démonstration de la validité de l’approche privilégiée par les deux jeunes femmes.
Tous à pied
Leurs cours, stages et journées, que l’on peut suivre avec sa propre monture, débutent par le travail à pied et vont jusqu’à oser la voltige cosaque. On y découvre l’univers du cheval, sa personnalité, on y apprend son langage corporel, ses besoins physiques et émotionnels… Jusqu’aux médecines douces qui le soignent, pour ceux qui le désirent. Cavalier débutant ou expérimenté, chacun choisit ses modules, mais «il est important pour nous que tout le monde fasse un peu de tout», précise Gwenaëlle.
Ni mors ni friandises
Que la force n’ait pas cours à l’école L’Enfant Takhi, faut-il le préciser? On monte le cheval avec une simple corde autour du cou et le mors est strictement proscrit. «Il est non seulement douloureux, mais il gêne aussi l’animal dans sa façon de respirer et même dans son corps puisqu’il crée des crispations et du stress.» Nos deux passionnées vont jusqu’à travailler sans user de récompenses, «car donner des friandises, c’est quand même un peu acheter le cheval».
Bien sûr, cette approche n’aboutit pas toujours à un succès total dans le cas d’une rééducation. Mais Gwenaëlle et Noémie sont très sûres d’elles pour les chevaux qu’elles ont dès le débourrage; si le cavalier fait sa moitié du chemin, l’osmose est garantie.